Caméléon dans l'ombre de la nuit
Peter Hammill
1973


German Overalls
Slender Threads
Rock And Role
In The End



What's It Worth
Easy To Slip Away
Dropping The Torch
(In The) Black Room - The Tower

Discographieo
SOMMAIRE PROG
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Blouses allemandes

A Mannheim, un samedi pluvieux sans argent ni ami ...
Seule la téquila peut tuer l'ennui.
On essaie de rejoindre Londres pour une bouffée d'espoir ;
Nous sommes des enfants et tâtonnons dans le noir.
Hugh dépense son dernier mark en café et fromages ...
Je me sens comme un réfugié ...

Des restaurateurs et des agents de police,
Des dames d'âge moyen aux dents cariées,
Des revues économiques et de vieux Sunday Times :
Du matériel de lecture, des lignes ensanglantées,
Mais que faisons-nous ici ?

La menace du mémorial, avide de revanche,
A commencé à infléchir nos esprits.
Un paravent contre les averses s'impose en présence d'acide ;
La mort est désormais un sentiment placide.
J'essaie de retenir ma respiration quand l'acidité potentielle diminue ...
Nous voici tous à la Cité Royale !

La Grande Roue ne cesse jamais de grincer en tournant ...
Elle m'entraîne, elle me drogue.
Mes sept sens s'étonnent : "Cela peut-il vraiment exister
Ou suis-je devenu un phoque savant ?"
Pourquoi sommes-nous donc ici à l'agonie ?

Je parcours les rues seul, en quête d'un signe d'amour.
J'ai écrasé les os en plâtre dans les clubs branchés.
J'ai mordu au fruit, mais je ne vis que pour le concert,
Et je suis fatigué des nuits et des jours sur les aéroports,
Des taxis et des averses sur l'autoroute,
Et de chercherà tâtons une clé après le spectacle.

David réussit à voyager en camionnette,
Il sait que nous pouvons tous comprendre :
Nous sommes à la merci du Kosmos Tour,
Durant notre pélerinage au Lourdes allemand ..
Mais nous sommes toujours ici, paralysés.

Les cathédrales s'élèvent en spirale vers le ciel ;
Je crois que j'attrape le vertige.
Je ne sais plus ce qui est réel.
Un projecteur brusquement en plus ;
Une folie supplémentaire dissipée ;
Je ne dois pas montrer de signe de peur.
Les mots résonnent à mes oreilles,
Je crois que je vais en rire ....
Je pense justement aller prendre un bain,
Je vais probablement laver mes vêtements.

Ne savez-vous pas que je grandirai
Pour pouvoir me construire une réputation,
Peut-être m'asservir à ce jeu,
Y miser ma raison
Et reposer ma vie sur la ligne ?
Placez-moi maintenant à l'écart et déchirez mon esprit;
Que mon fantôme apparaisse au baisser de rideau.


Liens ténus

Je regardais ta photo dans l' Evening Standard,
Tu y portais ton vêtement de combat,
Je dois vraiment t'avouer
Que je fus pris d'un sourire étouffé -
Mon esprit en avait réellement été soufflé.

Je me demande :
Es-tu encore si gentille ?
Es-tu encore si pure ?
D'autres rimes restent ici éparpillées,
Je ne suis pas certain de leur assemblage ....

Jenny, à quoi penses-tu ?
Je me demande quelle est ta philosophie ;
J'hésite à m'imaginer tes pensées :
Nos univers sont bien trop différents,
C'est un signe des temps.

Il fut une époque où je t' interprètais les cartes,
Où j'écrivais tes nombres dans la poussière :
Je ne peux me rappeler lesquels c'était,
Mais, en tout cas, le point de rebroussement m'a échappé.
A bientôt donc et au revoir !
Penses-tu que je pourrai désormais te reconnaître
A tes cheveux ou à ton esprit ?

Nous démarrons ensemble
Mais tous les chemins se divisent ;
J'ouvre les yeux
Quand il n'y a plus de carrefour,
Je me découvre marchant seul
Dans la froideur de la neige ....
Je me demande si j'y arriverai en pleine nuit.

Je suis à la fois un auteur et un acteur ;
Tu es un modèle dans le zoo ...
Je songe justement de quel côté des barreaux
Je suis en train de te regarder.
Si je prophétisais une avalanche,
Attendrais-tu pour m'accuser de bluff ?
Si je te donnais rien qu'une petite chanson,
Serait-ce suffisant pour sauver ta vie
Ou le couteau tourne-t-il déjà dans ma main ?


Rock et rôle

Tu guettes l'instant de silence, dans le seul espoir d'être sauvé.
Tu attends le Faiseur de Mensonges : il est de retour
Et plonge les pointes de ses flèches dans l'honnêteté.
Renverse-le le plus vite possible !
Ne le laisse pas te toucher avec la chandelle de son embarras.
Si tu le laisses exister, il ravagera hystériquement ta tombe.

Tu es une peinture d'émotions, réintégrée dans un cadre unique.
Tu es le play-back instantané, sans aucune chance de changement ;
Tu ne cesses de sourire, journal vivant !
Renverse-toi avant qu'il ne soit trop tard,
Avant dêtre soumis à la phase monochrome
Qui ne te procurera que peur et haine dans la brume.

Je suis la flèche tenue en échec par elle-même,
Qui revient, autoguidée, sur l'intensité de la douleur ;
Je suis le Porteur de Paix - c'est si étrange
De me nourrir de chagrin et de me chagriner dans l'allégresse.
Renverse-moi donc et détourne-toi ;
Ne me laisse pas regarder dans le miroir de tes yeux
De peur que je puisse dérober la vie
Que tu as donnée de bon coeur.


A la fin

Je te le promets, je ne laisserai aucun indice :
Ni remarque révélatrice, ni empreinte de mes souliers.
C'est toutefois une piste continue jusqu'au bord de l'eau ...
Je veux tenir ma promesse jusqu'au bout ;
J'ai l'intention de devenir libre.

Plus aucune bousculade autour de moi,
Plus aucun jeu d'échecs de voyage
Je devine que je ferais mieux de s'asseoir,
Tu sais que j'ai besoin de me reposer ....
Oui, il est temps de renoncer au jeu,
L'esprit calme et tranquille.
Je ne peux expliquer cela, je ne peux le raconter ...
Ai-je donc fait tout cela trop tard ?

Il est urgent que la commission établisse son rapport ;
Jusqu'à ces derniers temps, je croyais que je serais largué.
Quand on essaie péniblement de tout concrétiser,
La permission d'avoir des sentiments n'est pas accordée.

Mais à présent que cela se produit,
Je souhaite si possible ne pas l'ébruiter ;
Les derniers mots, les derniers regards
Constituent une solution finale,
Maintenant que mon nombre tombe sur les Etangs,
Je devine ma montée à bord du Titanic pour une croisière.

Il est désormais temps de clarifier ma position,
Je crains que cela n'arrive trop tard et dans la solitude,
Quand amis et ennemis défilent sur scène ;
Ils me renient tous dans un moment d'emportement.

Tous les bois de souutènement
Se fracassent en poussière autour de mes oreilles :
Mémoire et conscience, espoir et appréhension.
Quand je rampe plus en avant sur la grosse branche,
Quelque chose me dit que je pénètre
Dans des vies et des prophéties inconnues,
La fin de l'arc-en-ciel est entièrement bordée de couteaux ....

Quand je monte sur les planches et que les projecteurs faiblissent,
Vais-je foutre le camp ou entamer ma prestation ?
Suis-je arrivé au moment où je devrais donner ma réplique
Et te suivre, toi et tes signes ?
Je ne peux me rappeler mon texte quand le souffleur me siffle
Et que, sous le coup, toutes les cartes s'écroulent.

Toutes les pages sont fines, tous les coins sont recroquevillés.
La lumière des étoiles déferle-t-elle sur le monde à travers ma fenêtre ?
Ou suis-je en train de vivre intensément
(Les graines du doute) Une chronique de vengeance ?
Le saule se courbe mes mains, comprends-tu cela ?
Et seras-tu toujours mon amie à la fin ?

Quand ma bouche s'amollit
Et que je ne peux recourir à un autre air,
Vais-je donc regarder en arrière
Et dire que j'ai fait tout cela trop tôt ?


Quel en est le prix ?

Quel est le prix de la sécurité ?
Comment avoir toute sa raison ?
Je pourrais faire moi-même le poirier dans le jardin,
Tailler la pelouse et tondre les roses,
Mais je ne m'explique jamais
Comment on parvient à être libre :
Je veux en définitive seulement être moi-même.

Les jours d'hiver m'appartiennent ici ;
Pourtant, pas de morsures ... quelle est ma spécialité ?
Je pourrais me précipiter dans le feu de joie avec brio,
Dégager le sentier et éliminer les feuilles mortes,
Mais je n'ai vraiment pas le courage
De faire partie de ce spectacle ....
Est-ce seulement une sorte de rêve étrange ?

Je crois que je vais marcher jusqu'au clocher
Où les gens sont si curieux,
Je pourrais aller jusqu'au magasin du coin
Pour y acheter plein de dérivatifs.

Quel chemin à présent ? Grimper ou suivre le rivage ?
Mes oeufs ne vont-ils pas pocher ?
Je pourrais me jeter dans la poêle
Pour préserver ma réputation ;
Me mettre en route ou sourire de façon énigmatique,
Ce n'est jamais vraiment identique,
Mais chaque fois subtilement entortillé.

Je crois que je vais me consacrer à mon lopin de terre
Et me contenter d'exister
A moins que de pratiquer
Une ingénieuse entaille à mes poignets ?


Facile de se défiler

Mes amis, je n'avais jamais pensé sérieusement que vous partiriez,
Mais nous savons à présent que les choses évoluent ainsi.
Le temps ressemble désormais au berceau du chat dans mes mains :
J'en rassemble les brins beaucoup trop lentement.

Les réfugiés sont partis ...ils empruntent leurs chemins divergents,
Et font disparaître le passé : figures dans un linceul de cendres.
Suzie, je devine que tu vas devenir une vedette,
Mais je ne sais pas où tu es ;
Les seules fois que je crois te voir, c'est à la TV.
C'est si facile de se défiler ....

Mike, cela fait un an ou deux que je ne t'ai plus vu ....
J'aurais pu t'écrire quelques lignes
Si j'en avais eu le temps ou l'envie.

C'est aussi de ma faute : je joue le rôle d'un ermite
A l'abri des voitures, concerts, salaires, esprits brillants,
Je ne dois pas être beaucoup sorti de ces jours-ci.
Ainsi, mes chers amis, en vieillissant,
Nous nous sentons de plus en plus éloignés,
Je peux seulement vivre dans l'espoir
Qu'un jour, tout redevienne comme avant.
C'est si facile de se défiler.


Laisser tomber la torche

Nous participons à des jeux, dont chaque mouvement,
Noté comme cause à conséquence, enchaîne effectivement
Notre liberté et notre aspiration à vivre ;
Nous nous résolvons à une survie élémentaire,
Nous accrochant frénétiquement à nos plaisirs ....
Nous ne devons jamais les laisser filer.

Les murs de notre prison s'édifient lentement,
Pierre par pierre, jour après jour ;
Rien n'est prévu pour s'en échapper,
Nous sommes enterrés vivants dans la sécurité et la décadence.

Le temps nous entoure de ses constructions meurtrières,
Des cadres noirs encerclent nos noms.
Nos doigts lâchent prise
Et la torche tombe par terre.

L'ennemi de chaque personne
Est elle-même, de l'intérieur.
Je sens la main de sécurité
Se coller à moi avec ses doigts glacés,
Ecrasant ma fleur de liberté ;
J'ai égaré le cours de mon aventure,
Tout ce que je comptais faire est perdu.

Chacun de nous n'a qu'une flamme
A garder en vie sous le vent,
Mais nous finissons tous
Par l'éteindre nous-mêmes.

Nous tendons des pièges
Et tombons finalement dans nos propres collets,
Ne disposant d'aucun endroit où aller.

Le temps avance toujours plus lentement ;
La vie en devient plus solitaire
Et de moins en moins authentique.


Dans la chambre noire - La tour

J'étais en train de réfléchir sur la pensée
Mais cela ne me menait vraiment pas très loin,
Je pensai dès lors à lancer un Tarot,
Mais je n'obtins que la Prêtresse et l'Etoile.

Une ombre se projette entre le futur et le passé ;
Je conviens avec la chambre d'acheter un peu de temps ....
Les cartes ne disent ni la vérité, ni des mensonges,
Uniquement des options et des lignes directrices :
Ce sont les meubles de la chambre noire.

J'eus l'occasion de réfléchir sur l'acide,
Mais cela ne me semble pas une raison de vivre.
Je ne tente aucune percée décisive
Et je dois marcher comme un chien en laisse.

Tout cela est irréel,
Je voudrais essayer de modeler moi-même mes sentiments ....
C'est agréable d'aller droit aux sensations :
Je me suis offert une bonne croisière de plaisirs.
Mais, au fond de mon esprit,
Je ne suis ni meilleur ni pire,
Je ne me suis confié qu'aux murs,
La peinture s'écaille dans l'obscurité de ma chambre.

Je parle seulement de moi-même,
Rangeant mon étagère à trésors
Et documentant mes impressions actuelles
Quand le futur me fait tournoyer ....

Ce que je serai, c'est ce que je suis,
J'essaie simplement de ne pas truquer ou simuler.
Utilisez la vision comme un sens, non comme une béquille !
Tout cela n'a guère d'importance ;
Quoi qu'il advienne, nous y survivrons tous,
J'essaie seulement de ne pas mettre ma vie en gage.

Quand je serai (peut-être) vieux et collet monté,
Renierai-je tout ce que je ressens ?
En termes d'amer compromis, vais-je refondre
Comme de l'acier le courroux qui habite mes yeux ?

Serai-je alors un ermite ?
Ou un avare ?
Serai-je un homme toujours incapable de rédiger ses principes ?
Le Fou ?
Le futur empoigne ma main dans la chambre ....

Mes fantômes vont donc me diriger
A travers l'opaque distance des années
Et poser une main de glace sur mon âme.

En route dès lors vers la plate-forme bien connue !
Dans l'incandescence d'un clair de lune
Aux nuages diablotins, la Tour chancelle.
Moi, l'aveugle,
Je cherche à tâtons le sentier que je connais ....
Ne savez-vous donc pas
Que je ne recherche qu'une façon de ressentir ?

Les rats filent,
Des serpents s'enroulent.
Les pères fixent la nuit qui murmure ;
Ils s'enduisent les bras de boue.

Des araignées,
La boue bouillonne.
Les enfants pleurnichent dans le tourbillon humain ;
Leurs visages luisent de vers.

Tonnerre,
Silence,
Présages ....
(Je les sens venir)
Tous les signes d'imminence sont réunis.

Car la souffrance va arriver,
Et le changement survenir,
M'atteindre au coeur
Et ébranler mes genoux.
A présent, cela arrive,
Entouré par le ronronnement du monde.

Trop tard !
Perdant mon équilibre,
Poupée aux yeux sans vie,
Je bascule
Et retourne à mes origines ....

Je me sens à nouveau comme un gosse,
Comme si je venais de franchir la porte,
Et, la tête en feu,
J'ai écrit cette chanson -
Je ne sais pas pour qui.

Mes mains s'accrochent à la chambre,
Je jurerais avoir entendu le Bègue s'exclamer :
"Je suis un voyageur, un débrouillard,
Je ne vis qu'à travers la souffrance,
La honte et le changement !"

Dans ma chambre, cette tombe secrète,
Je peux voir des formes futures,
Des tempêtes spatio-temporelles :
Elles sont toutes en moi
Et je dois seulement choisir !

Dans ma tête, je suis mort
Si je tombe dans la trappe,
Le subtil giron, voile de sécurité,
Mais je reste vivant aussi longtemps que je choisis ....


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