A huis clos
Peter Hammill
1974


Ferret And Featherbird
(No More) The Sub-Mariner
Tapeworm
Again


Faint-Heart And The Sermon
The Comet, The Course, The Tail
Gog / Magog (In Bromine Chambers)

Discographieo
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Furet et plume d'oiseau

Le temps s'est interposé entre nous ;
Durant les mois qui passent,
J'ai senti que tu te défilais
Tandis que tes mots et les miens
Se transformaient en comptines
Jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien à dire.

La distance s'est intercalée entre nous
Et nos souvenirs se sont évanouis.
Par-delà les kilomètres, j'ai cessé de rire,
Car plus rien ne semble pareil.

Voilà comment je voyais les choses il y a une semaine,
Au loin dans le temps et l'espace.

Le temps et la distance
Sont seulement des idées et des mots
Qui complotent la destruction de nos esprits,
Ils sont totalement irréls.
Dis-moi, comment te sens-tu ?
Regarde à l'intérieur de ta tête
Et dis-moi ce que tu y trouves.

Le temps et la distance nous séparent désormais,
Ils forment un assemblage qui sécurise la situation,
Rien ne vole jamais en éclats, tu sais ce qui se passe,
Le temps et la distance consolident un amour.


Plus de sous-marin

Dans ma jeunesse, je jouais avec des trains :
Toute la vapeur s'est désormais envolée.
Dans mes rêves, je m'abrite un bref instant de la pluie
Et j'essaie d'attraper la lueur du feu ...

Avec mes jouets Dinky, je me croyais Stirling
Avec ma batte de cricket, je me voyais en Peter May;
A présent, toutes ces images me reviennent
Et je me demande qui je suis aujourd'hui.

Comme un enfant, je refaisais la Guerre
Avec des avions en plastique et mon imagination :
Je coulais Tirpitz, faisais sauter le barrage de Möhne,
Et dans la foulée, j'étais le sauveur de la nation !

Oh ! Etre le capitaine d'un navire de guerre !
Le pilote d'un Tempest ou d'un York !
Défendre ma tranchée contre les Panzer Korps
Au lieu d'être simplement quelqu'un qui parle
Et se souvient de ses fantaisies,
Comme si la vie n'était destinée qu'à se perdre ...
Celles-ci seules précèdent la connaissance
Que, finalement, l'homme doit choisir.

C'est un étalon de maturité
Que nos options diminuent
Tandis que nos facultés de choix augmentent,
Jusqu'à ce que nous prenions tout et rien,
Trop tardivement, en fin de course.

Dans ma jeunesse, je maintenais mes croyances :
Ma foi et mes pensées étaient inébranlables.
Mais, maintenant, me voici dépouillé de tous mes atouts,
Ce qui m'empêche de distinguer le vrai du faux.

Oh ! Etre le fils de Che Guevara !
Une unité dans les rangs serrés des noirs !
Un Papiste ou un Orangiste, un eunuque ...
Le doute ne planterait alors jamais
Son poignard dans mon dos.

Oh ! Etre King John ou Douglas Bader,
Humphrey Bogart ou Victor Mature !
Dans quel cas est-ce facile et hypocrite,
Dans quel cas est-ce plus difficile ?
De ceci, de cela, de moi-même,
Je ne suis vraiment pas trop sûr.


Ver solitaire

Quand j'étais un enfant, on me faisait lire
Des mots-poignards de torture et d'épouvante;
A présent, dans l'obscurité hésitante,
Je constate que je suis un ver
Qui dévore en silence ton jardin,
Ma soeur, mon enfant.

La nuit lance de mauvais présages
Sur la pureté de mon âme
Je ressens des tendances diaboliques
Je commence à ne plus me maîtriser
Et le tourbillon m'engloutit.
Plongé dans le péché,
Je meurs pour ainsi renaître

Je désire voir le cosmos s'effondrer,
Les planètes et les lunes entrer en collision,
Et sentir la pesanteur perdre son emprise ...
Tout cela se passe en mon for intérieur
Toutes les graines mortes sont éparpillées,
Mon sang, mon univers se sont déchirés
Dans l'hilarité de l'espace
Où tout n'est que vétilles lâchées et perdues.

Je fais désormais la paix,
Tout en ignorant quel ruban je traverserai ...
Peut-être celui de la catastrophe !
Quand je franchis la ligne,
Je sais que je me trouverai moi-même,
A moins que ce ne soit peut-être toi.

Je suis un homme du pays de la destruction,
Je suis un homme, une femme et un dieu,
Je suis ma propre arme de kamikaze
Un jour, je trancherai le noeud caché

Nourris-moi de miel et regarde-moi
Mordre à l'hameçon accroché à ton couteau;
Si tu me laisses faire, je peux hypnotiser ta vie.
C'est vraiment si simple,
Mon amour, mon jumeau

Main dans la main,
Nous sprintons sur la grand-route,
Et dévalons dans le ravin
Sans nous arrêter;
Le jour de notre jugement dernier,
Il n'y a ni rebord salvateur,
Ni arbuste excroissant.

Est-ce le Chemin ?
Dehors sous un éclat de gloire ?
Un jour, je trouverai la réponse
Un jour, je finirai l'histoire.


Plus jamais

J'étends mes mains et saisis des rires distraits,
Perdus dans le silence et la douce souffrance;
Je ne réclame rien, mais j'ai une si grande envie
De ce qui ne reviendra plus jamais.

Je sens ton parfum sur les draps le matin :
Il s'y maintient comme les dessins
Sur les fenêtres après l'averse,
Un passé qui dure, ne fût-ce qu'un moment,
Il s'en est allé et ne reviendra plus jamais

A tes yeux tristes, tournés sur le côté,
Les miens disent :
"Y es-tu ? Y étais-tu ? Comment ?"
Quand l'obscurité file sans bruit,
Le jour montre ce qui existait
Il élabore ce qui est actuel.

Je regarde ton portrait comme si c'était un miroir
Mais aucune partie de toi-même ne sort du cadre
A l'exception du changement que tu m'as procuré :
Cela ne se reproduira plus jamais.

Je suis moi-même, je te précédais tellement
Que, par la suite, je ne suis plus pareil.
Tu es parti et je suis avec toi :
Cela ne se reproduira plus jamais


Le sermon et le coeur défaillant

Mon visage soulagé de ses couleurs
Et mon cerveau vidé de son sang,
Je suis attaché à la grille comme Billy Budd.
Les sens toujours plus engourdis
Et le coeur flageolant,
Je sursaute à température normale
Et mes poumons respirent de l'air superflu.

Comme des danseurs paraplégiques
Dans une équipe bien constituée,
Mon intelligence semble bloquée
Dans ses mouvements par ses préjugés
Elle envisage des réponses
Qui pourraient briser mes liens.
Me tromper à moitié serait une amélioration interne ...
Mais mes facultés de compréhension sont affaiblies.

La situation semble si absurde,
Car tout ce que j'ai entendu
S'effiloche désormais en mots creux sans valeur,
Alors que le Rire Humain balance le cénotaphe,
Mais la blague est à moitié usée
Et pas amusante du tout.

J'essaie de trouver une explication
A partir des mots qui virevoltent,
Cependant, tout ce que j'ai entendu
S'embrouille dans ses significations,
Les mots sont agréables phonétiquement,
Mais prononcés avec une telle hâte
Que confrontés à ceux-ci,
Mon esprit se met à hurler.

Au bord de la croyance,
Je m'écrase sur les récifs
Pendant qu'un cynique voleur
Dérobe mes sensations.
Je m'accroche donc au banc d'église,
Laissant de côté des dimensions
Et la reconnaissance désavoue
Les instants présents.

Toutes les vies de saints
Démontrent que ma défaillance
Est une maladie mineure,
Mais la fin n'est nulle part en vue.
Pourquoi ne puis-je me trouver
Un moyen d'y arriver ?

Je ne veux pas mourir dans la nef,
Mais je sais que cela peut m'arriver un jour
Je dois ainsi dénicher un moyen
D'économiser mes énergies
Et trouver une raison pour prier
Quelque chose pour quelque chose,
Et lui faire ma profession de foi.

Je succomberais volontiers à la lame de fond,
Si j'étais persuadé que les flots
Pouvaient m'apprendre un chemin vers la lumière;
Je céderais de bon coeur à cette tentation,
Je ne suis pas courageux,
Et c'est facile de croire les mots du prédicateur
Sauf pour ce qui concerne le conflit acharné
Entre ma tête et mon cerveau.
Je ne désire pas mourir, mais c'est inévitable ...

J'attends le moment qui viendra, je le sais,
Où je devrai courir et trouver un autre sermon.
Tout le monde, personne et le prêtre qui parle ...
Je garde cependant toutes les portes ouvertes.
A l'intérieur de mon esprit,
Tout ce qui lui est extérieur est partagé

Quand les cloches fêlées carillonnent,
Tout cela semble irréel
Mais le septième sceau demeure non brisé
Le plateau de la collecte n'offre aucune dérobade.
Je refuse toujours de gratter à fond
Une marque de considération
Pour toutes ces fausses ruelles de la course;
Je dois essayer de séparer
Le sens réel et la signification perçue.
Redis-le moi, explique-moi le chemin à suivre.

Ainsi, quand je parle à moi-même,
Tout en prenant bien soin d'écouter,
Mon coeur défaille de plus en plus,
Me manque-t-il quelque chose ?


La comète, sa course et sa queue

On dit que nous sommes doués de libre arbitre,
Au moins, cela justifie notre besoin d'indécision.
Mais face à nos instincts et notre désir de tuer,
Nous courbons la tête en guise de soumission.

On dit qu'aucun homme n'est une île,
Mais on se met à énumérer nos châteaux et maisons;
On a dès lors senti que le choix est de notre ressort,
Entre la paix et la violence ...
N'est-ce pas que nous choisissons, seuls ?

Quand la comète déploie sa queue dans le ciel,
Elle n'est pas près de définir la course qu'elle poursuit,
Ni de trouver sa propre direction.

Bien que son parcours puisse être certain,
La composition de celui-ci ne l'est point
De sorte que sa signification dépasse probablement
Le sillage d'une queue
Dans une brève envolée vers la gloire.

Amour, paix et individualité :
Ordre et société sont-ils donc des réalisations humaines ?
Guerre, haine et sombre dépravation :
Sommes-nous au contraire des esclaves ?

Canaliser nos énergies aggressives
Par le désir de la mort et la volonté de survivre
Dans la recherche et la préservation de nos ennemis,
Est-ce le seul moyen que nous connaissions
Pour rester en vie ?

A l'abattoir, tous les cadavres ont la même odeur,
Ceux des reines, des pions ou des innocents dans le jeu;
Dans le cimetière, un uniforme recouvre les tombes
A l'exception de celles destinées à un grand apparat extérieur.

Un moment est prévu dans le calendrier
Où toute raison semblera à peine suffisante
Pour supporter chacune des étoiles filantes :
Les temps sont durs.

J'attends que quelque chose se passe ici,
Cela semble être terriblement en retard ...
Peut-être un rétablissement du passé
Ou quelque chose d'entièrement nouveau.

La connaissance que nous acquérons en partie
Nous conduit toujours plus près
Du véritable commencement
Et des questions fondamentales.

Comment puis-je dire
Que la route indiquée pour l'enfer
Ne conduit pas au paradis ?
Que puis-je dire
Lorsque, dans un obscur chemin,
Je m'identifie à ma propre direction ?


Gog / Magog (Dans les Chambres de Brome)

Certains m'appellent Satan, d'autres me prennent pour Dieu
Certains me nomment Nemo, je ne suis pas encore né.
Certains parlent de moi en anagrammes,
D'autres s'affligent de ma colère ...
Ceux qui me rendent service,
Je leur voue mon mépris.
Mes mots sont "Trop tard", "Jamais",
"Impossible" et "Disparu";
Ma maison est dans l'aube et le crépuscule.

Mon nom est renfermé dans le silence,
On le chuchote parfois par dépit.
Toutes les grilles sont verrouillées,
Toutes les portes sont bouclées et condamnées,
Impossible de s'échapper.
Ne viendras-tu donc pas vers moi
Pour m'adorer une nuit de plus ?

Certains me voient rayonnant, d'autres m'imaginent sans éclat;
Bronze à canon et diamant taillé, je suis tout.
Certains jurent de me voir pleurer
Dans les champs de coquelicots de France ...
Quand les dés retombent, on les voit tous s'écrouler !
D'autres se moquent et me voient rire
Dans les corridors du pouvoir :
Certains voient ma signature sur le manteau de César

Mon visage est décomposé dans l'obscurité,
Tu m'entrevois parfois dans l'ombre,
Tous les amis sont partis,
Tout cri est faible et inutile,
Il n'y a plus rien à dire.
Ne ramperais-tu donc pas vers moi
Pour m'adorer un jour de plus ?

Certains me souhaitent vide, d'autres me veulent plein,
Certains implorent de moi l'infinité, je ne suis rien de cela.
Certains me cherchent dans les symboles,
D'autres tracent ma route dans les étoiles,
D'autres encore comptent mes moyens en nombres :
Je n'existe pas.
Certains enregistrent mes mouvements,
Couleurs et déguisements,
D'autres notent les progrès de mon action,
Mais c'est fini.

Mon âme est coulée dans du métal,
Encore vierge sous le tranchant.
Tous les puits sont à sec,
Tous les pains sont masqués en champignons,
La misère sévit désormais partout.
Ne fuieras-tu donc pas cela
Pour m'adorer une vie supplémentaire durant ?

Dans les Chambres de Brome,
Il ne peut y avoir de pitié.
Pas de flagellation amère pour tes péchés;
Point d'indulgence, ni de grosse toile
Pour interrompre la danse
Des cendres dans le vent.

Trop tard désormais pour souhaiter
Modifier tous ses désirs;
Trop tard pour changer, respirer, grandir.
Trop tard pour effacer les empreintes révélatrices
Qui marquent ton passage
Dans la neige grisonnante.


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