Il n'était pas possible que sur mes pages gothic-metal, j'ignore le phénomène Siouxsie. Car non seulement elle reste la digne représentante de la new wave des années 1980, puisant sa légitimité historique dans le mouvement punk de la fin des années '70, mais elle incarne avec les musiciens successifs qui l'ont accompagnée les diverses facettes du rock gothique, qu'il soit basique, dépouillé, expérimental, électrique, électronique, acoustique, symphonique.
Quand on réécoute maintenant les albums des Banshees et le nouveau projet des Creatures, on est sidéré de constater que cette diablesse a influencé et continue d'influencer un tas de personnes, dans un éventail qui va de Dead Can Dance à Nightwish par exemple : le goût de la théâtralisation, de la dramatisation, la volonté constante de sortir des sentiers battus, la recherche de sonorités nouvelles, de rythmes originaux, la fusion de styles apparemment étrangers, la fuite des compromis, la quête de la pureté des actes et des intentions, autant d'éléments constitutifs de l'esprit gothique.
L'évolution que l'on peut constater au fil des albums suit une ligne que d'aucuns trouveront bizarre, mais contrairement à l'adage, ce ne sont pas les lignes droites qui sont les plus intéressantes. Je préfère de loin les digressions qui propulsent là où on ne s'y attend pas, au moment où on ne s'y attend pas et pour des raisons qui ne nous sont pas expliquées.
En fait, la personnalité de Siouxsie est complexe, ses différents visages transparaissent, c'est logique, dans la musique, mais aussi dans les textes, dont une bonne partie sont signés ou co-signés Steven Severin. Une collaboration aujourd'hui (provisoirement ?) terminée. Une autre se poursuit, celle avec Budgie, sous le nom des Creatures, dont la conception actuelle semble être une vision plus moderniste, ancrée dans le nouveau millénaire, des Banshees.

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Un conseil : explorez le site suivant :
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http://perso.infonie.fr/edwood/siouxsie.htm (en français) !

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THE SCREAM (1978) L'émergence des prémices du rock gothique moderniste, encore tout imbibé du radicalisme destructif de la réaction punk à l'immobilisme et au conformisme, dans lequel certains musiciens trop virtuoses avaient englué le rock des seventies. Le son est implacable, emmené d'une main de fer par la très mystérieuse Siouxsie. Le guitariste rivalise d'efficacité tranchante avec une section rythmique déchaînée, sur fond d'apocalypse suicidaire, digne de l'ambiance d'un disque du Velvet Underground, pas moins que cela comme référence pour situer le niveau d'ébullition atteint, y compris pour une reprise transfigurée d'une composition des Beatles, "Helter Skelter". Mon titre préféré : Switch (une dangereuse progression dans l'horreur d'une situation sans issue) John McKAY : guitare, saxophone Kenny MORRIS : batterie, percussions Steven SEVERIN : basse Siouxsie SIOUX : voix

JOIN HANDS (1979) Un deuxième album dans le prolongement intelligent du premier. A côté de la furie incendiaire, le groupe commence à créer des effets de dramatisation permettant à l'humour noir de se faire encore plus caustique sur le compte de la religion, de l'éducation, de la guerre et de la médecine, autrement dit les outils d'une société haïe, qui veut dépersonnaliser les gens, les empêcher d'être eux-mêmes. Des rythmes inhabituels aux connotations ethniques, tribales côtoient des schémas rock plus traditionnels, créant autour de la grande prêtresse une aura magique ensorcelante, à laquelle on ne peut échapper. Mon titre préféré : The Lords Prayer (le sommet de l'art punk, tournant en parodie rebelle le rituel des oraisons dominicales) John McKAY : guitare, saxophone Kenny MORRIS : batterie, percussions Steven SEVERIN : basse Siouxsie SIOUX : voix, piano

KALEIDOSCOPE (1980) Un album-mosaïque, transition entre les origines punk et des rivages nouveaux, qu'à l'époque personne ne définit encore comme gothiques. Avec l'arrivée d'un batteur inventif et de l'ancien guitariste du groupe new wave Magazine, Siouxsie s'amuse à dérouter son auditoire, créant des ambiances intriguantes faites de sons étranges, de rythmes désarticulés, sur lesquels sa voix, telle une sirène, fait des ravages, égratignant la bêtise humaine dans ses aspects superficiels et hypocrites avant de nous embarquer dans un voyage vers des contrées et des dimensions inconnues. Mon titre préféré : Hybrid (un titre et une composition à l'image du disque, condensé surprenant d'idées différentes , mais subtilement agencées) BUDGIE : batterie, percussions,harmonica Steve JONES : guitare John McGEOCH : guitare Steven SEVERIN : basse Siouxsie SIOUX : voix, claviers

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